Traduction française de la préface de l’Apparatus Musico-Organisticus de Muffat
L’exécution des pièces d’orgue de Georg Muffat confronte l’interprète à un certain nombre de questions. La réalisation des ornements et l’utilisation de la pédale sont deux questions auxquelles l’on revient souvent. Cherchant à trouver des réponses à nos questions, nous avons constaté avec étonnement qu’aucune traduction française de la préface (originellement en latin) n’était disponible, et plus encore, que la version allemande (traduction posthume en allemand du début du 18e s.) était compliquée à comprendre, même pour les germanophones.
Nous nous sommes donc mis au travail pour réaliser une version française de cette préface, en nous basant sur la version allemande posthume et nous aidant parfois de la version latine originale. Suite à ce travail que vous pouvez télécharger en pdf ici, nous pouvons apporter quelques éléments de réponse aux questions évoquées ci-dessus.
Les différents trilles sont indiqués par quatre signes différents, clairement expliqués dans cette préface : trille avec la note supérieure, trille avec la note inférieure, trille avec une terminaison, trille long, sur toute la longueur de la note. En revanche, il n’est pas précisé s’il faut commencer le trille en jouant la note écrite, ou par l’autre note, supérieure ou inférieure. Sur ce point, la préface ne nous donne malheureusement aucune précision. N’en parle-t-elle pas parce que cette information semblait évidente pour les musiciens de l’époque, y avait-il une manière de faire uniformisée, ou parce que Muffat n’apportait pas l’importance que l’on donne aujourd’hui à cette question ? Le débat est ouvert !
Le jeu de la partie de basse à la pédale ou dans la main gauche est quant à lui précisé par trois abréviations :
- M.S. = Manuale solum : manualiter, sans pédale
- P.S. = Pedale solum : désigne une voix/note attribuée uniquement à la pédale, ne doit pas être doublée aux mains.
- P.M. = Pedale et Manuale : on double la basse ad libitum
Nous comprenons la mention ad libitum du P.M. comme la possibilité de doubler la basse jouée aux mains avec la pédale, mais en nous laissant le libre choix des notes à doubler, ou pas. Un bon exemple de passage où il nous semble qu’un choix de notes est nécessaire pourrait être la mesure 47 (8 blanches avant la section en 9/4) de la Toccata Tertia, ou l’on voit clairement que quelques notes rapides sont à jouer avec la main seule, alors que pour tout le reste, la main et le pied font une sorte de tirasse jouée :
On peut conclure de ces trois options et de cet ad libitum que Muffat imagine une pédale avec des registres propres et sans tirasse, ces alternatives n’ayant pas de sens autrement. La question du 16′ ou non n’est par contre pas abordée.
Cette préface laisse donc quelques zones d’ombres, mais nous espérons que la présente traduction permettra à chacune et chacun de tirer ses propres conclusions en connaissance de cause, sur la base de ce texte maintenant disponible en français. Et si vous avec des remarques ou des compléments d’information à ajouter, nous serons heureux de lire vos commentaires ci-dessous.
Remerciements à Benjamin Righetti (notre professeur HEMU – Haute école de musique) et Freddy Eichelberger pour leur relecture.